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Le guide du jeu en solitaire #3 : Imperium

Sommaire

Imperium est un jeu de cartes asymétrique dont l’objectif est de mener sa civilisation vers la gloire à travers une mécanique principale de deck building. Sur la base d’un système identique, deux déclinaisons sont disponibles et compatibles l’une avec l’autre : Antique traitant de civilisations historiques (les romains, les grecs…) et Légendes proposant des nations à portée plus mythologique (Atlantes, Qin, Egyptiens…). Un troisième volet appelé Horizons, plus conséquent, est attendu pour 2024. Prévu pour des parties de 1 à 4 joueurs, son automa remarquable fait de lui un bel exemple de jeu en solitaire, à condition toutefois d’être déjà à l'aise avec les titres de niveau expert et d’accepter quelques lourdeurs dans sa conception.

Contenu de la boîte et mise en place

 

Chaque boîte d’Imperium contient 8 civilisations au deck unique et au style de jeu inspirés par leur comportement historique. Les romains sont avides de conquête, les celtes accrochés à leurs traditions et les Carthaginois portés sur le commerce. Mais priorisant l’ouverture des parties et l’équilibre de jeu à la véracité historique, les concepteurs ont cependant fait des concessions. Si chaque civilisation possède ses forces et une ligne directrice héritées de son histoire, elle n’y est pas cantonnée, laissant au joueur la possibilité de se développer à sa guise et de s’adapter selon l’état de la partie. Les promesses sont tenues. Chaque partie est un voyage, un moyen de découvrir le jeu sous une nouvelle perspective, sans jamais se sentir prisonnier du système ou d’un déséquilibre entre les factions. Un régal.

Sont aussi présents dans la boîte un deck de cartes communes pour les différentes catégories (Région, Tradition, Civilisé, Vassal, Renommée, Instabilité), une quarantaine de jetons de chaque type (Matériaux, Population, Prestige), une poignée de marqueurs et un gros dé pour le mode solo.

La qualité du matériel s’avère correcte compte tenu du tarif en vigueur, sans exceller pour autant. Sur le plan artistique en revanche, des efforts ont été faits et si les jetons se contentent du minimum syndical, le travail sur les cartes est remarquable. Le code couleur et les logos nous informent en un coup d’œil de leurs caractéristiques, et les illustrations au style Bande-dessinée donnent du cachet au titre et renforcent l’immersion en jeu.

Imperium un bon design sur les cartes

L’ensemble est contenu dans un insert séparant chaque civilisation et catégorie de cartes mais laissant en vrac tous les jetons. Cette agréable addition s’avère fonctionnelle mais on regrettera une incompatibilité avec l'utilisation de protège-cartes nécessitant une rapide opération de bricolage pour être corrigée, ainsi que le vrac de jetons qui aurait pu être divisé en 2 ou 3 pour plus de praticité et de confort.

Imperium système de rangement

Petit aparté sur la mise en place d’Imperium, tant elle peut représenter un frein à l’appréciation du jeu lors des premières parties.

Divisée en 28 étapes, il faudra trier et positionner la pioche de chaque joueur, bot compris, selon un schéma précis (pioche développement face visible à gauche, pioche nation à droite face cachée et perpendiculaire…), puis faire de même pour le marché commun qui demande une demi-douzaine de mélanges de cartes à lui seul. Les joueurs confortables avec les manipulations de cartes sauront installer l’ensemble dans un délai raisonnable, mais le contraste avec Maquis et Cascadia présentés dans les articles précédents saute aux yeux.

Partie en solo de Impérium vs un bot

Mise en place pour une partie en solo opposant le joueur Celte au bot Romain.

Un Civilization deckbuildé

 

Démarrant à l’état de tribu barbare, le joueur doit mener son peuple vers le statut de grande nation à travers une liste d’ordres et d’actions innovante.

La manche, jouée intégralement avant de passer au joueur suivant, commence par l’exécution d’un ordre parmi les 3 disponibles :

Le plus courant est l’ordre ACTIVER, qui consiste à jouer 3 cartes de sa main puis activer jusqu’à 5 effets épuisables depuis les cartes posées sur l’espace de jeu. Les cartes et effets permettent de gagner des ressources, d’acheter de nouvelles cartes dans le marché… bref de développer sa civilisation.

Vient ensuite l’ordre INNOVER, qui oblige à défausser toute sa main mais permet d’acheter gratuitement et sans malus une carte du type souhaité.

Pour finir, l’ordre PACIFIER consiste à retirer de sa main autant de cartes Instabilité (des malus) que nécessaire. Action de nettoyage de son deck, son but est d’éviter à la fois l’effondrement de la partie (un déclencheur de fin de jeu) et la perte de points lors du décompte final.

Le joueur effectue ensuite sa phase de nettoyage. Commençant par le retrait des marqueurs placés, il défausse ensuite à sa guise les cartes de sa main puis en pioche de nouvelles depuis son deck jusqu’à atteindre la limite de cartes en main autorisées (initialement 5). Il ajoute pour finir un jeton prestige sur une carte du marché de son choix pour augmenter l’attrait de celle-ci (ou pour bluffer).

Une fois le tour de chaque joueur effectué, une étape de solstice a lieu, résolvant les effets homonymes des cartes de chaque joueur et octroyant différents bonus, puis une nouvelle manche commence.

Imperium commencement d'une nouvelle manche

La partie continue ainsi jusqu’à la survenue d’une des conditions de fin de jeu. Pioche principale commune épuisée, développement complet d’un joueur, dernière carte renommée retournée ou conditions spécifiques d’une nation vont enclencher un décompte final autorisant une dernière manche avant le calcul des points. Plus brutal, l’épuisement de la pioche instabilités déclenche quant à elle un effondrement qui clôt immédiatement la partie et donne pour gagnant le joueur possédant le moins de cartes de ce type (cf. ordre PACIFIER).

Relativement claire, cette boucle de jeu nécessite cependant un certain temps pour être acquise, puis se ramifie en de nombreuses possibilités stratégiques et une incroyable ouverture de jeu grâce au système de deckbuilding élaboré.

La première subtilité concerne la conception des cartes. Outre les 5 types énoncés plus haut (région, tradition, civilisé, vassal, renommée) et offrant différentes branches de développement, les cartes possèdent un degré de persistance. Certaines resteront sur l’espace de jeu car elles sont dotées d’effets secondaires, d’autres iront dans la défausse pour être utilisées de façon régulière, d’autres enfin finiront après une seule utilisation dans l’histoire, défausse définitive et poubelle de notre propre empire. Chaque carte correspond pour finir à un état « Barbare » ou « Nation », impliquant qu’elle ne sera jouable que si le statut de votre civilisation correspond à celui indiqué. Rien ne vous empêche ceci dit d’acheter des cartes non jouables pour investir dans l’avenir ou gêner la progression de vos adversaires.

Imperium carte Lydien

Composante principale du jeu, lorsque son deck est vide et que le joueur doit piocher une carte, il peut une fois par tour retirer une carte du deck « nation », pioche d’évolution de la civilisation. Elle est ensuite ajoutée à la défausse puis l’ensemble est mélangé pour reformer un deck plus puissant qui servira pour le ou les tours suivants. C’est ainsi que la civilisation évolue, carte par carte, vers le statut d’empire. Une fois ce dernier atteint, le principe reste le même mais avec le deck « Développement », qui remplace la pioche aléatoire gratuite par un choix ouvert mais payant.

La seconde subtilité vient des effets de cartes disponibles. En supplément des effets traditionnels inhérents à ce type de jeu (gain ou vol de ressources, tirage ou achat de cartes, augmentation de la taille de la main…) Imperium ajoute son lot d’actions exotiques, dont les deux principales ci-dessous.

Les cartes région permettent par exemple de réserver une carte, c’est-à-dire la placer sur le terrain de jeu en binôme avec la carte région jouée, pour la sortir temporairement de la partie. Son but : alléger la main des cartes non souhaitées, pour ne plus y avoir accès jusqu’à nouvel ordre (ex : cartes Empire lors du statut Barbare) ou pour accélérer le développement de la nation avec un cyclage plus fréquent.

L’achat de cartes est accessible via deux options : l’acquisition, économique, permet de choisir une carte visible mais oblige le joueur à prendre l’éventuelle instabilité qui l’accompagne. L’innovation, plus coûteuse sauf depuis l’ordre INNOVER, se déleste de ces deux contraintes. Évolution rapide mais risquée, ou lente mais sécurisée ? Dans les deux cas, après avoir pioché une carte, une nouvelle la remplace dans le marché, combinée la plupart du temps avec une carte instabilité.

Marché commun et instabilité Imperium

Le marché commun et ses cartes accompagnées d’instabilités.


En parallèle de la mécanique de deck building le jeu intègre des ressources (population, matériaux et prestige). Nécessaires pour faire croître l’empire et acheter de nouvelles cartes, elles travaillent de concert avec ces dernières pour instaurer une mécanique secondaire de construction de moteur (« engine building », cf. It’s a Wonderful World ou Terraforming Mars), qui génèrera à son tour des effets en cascade et de surprenantes combinaisons manche après manche.

Liberté et profondeur de jeu cohabitent ici. On trouvera des joueurs cherchant à déstabiliser les concurrents pour achever abruptement la partie, d’autres qui optimiseront leur système de défausse pour faire la course à l’évolution et prendre de vitesse les adversaires, d’autres construiront un moteur puissant qui génèrera points et ressources à chaque tour… le tout avec les différences d’enjeu et d’approche de chaque civilisation.

Un automa original et bien pensé

 

Guide du jeu en solitaire oblige, un mot rapide sur le fonctionnement du bot d’Imperium tant il est bien conçu. Contrairement à de nombreux automa jouant selon leurs propres règles ou cherchant simplement à bloquer le joueur, celui-ci est un réel adversaire qui respecte dans les grandes lignes le fonctionnement du jeu et la cohérence de la civilisation qui lui est attribuée. Ne pouvant bien entendu lire et résoudre les effets des cartes, sa principale différence avec vous est qu’il suivra une brève charte propre à chaque civilisation, réagissant aux icônes présentes sur les cartes jouées et au statut de son empire (un tableau par statut).

Lexique d'effets Imperium

Ce système fonctionne à merveille et l’on retrouve les sensations du jeu à plusieurs. Le bot est ambitieux, interactif, et après un court temps d’adaptation son tour se gère de façon triviale et rapide, nous permettant de nous concentrer sur notre propre stratégie. Ingénieux et convaincant.

Astuce : Pour plus de confort, je vous invite à imprimer ces chartes disponibles sur Internet.  La table est suffisamment encombrée pour ne pas y ajouter un grand livret supplémentaire.

Conclusion

 

Imperium est un excellent jeu. Profond et complexe, il accroche le joueur à travers une boucle addictive et engageante qui laisse libre court à l’expérimentation. Le champ stratégique ouvert, couplé avec les différences de chaque faction, font de chaque partie une expérience unique et du jeu un titre hautement rejouable.

Imparfait dans sa conception, on pourra lui reprocher un manque d’intuitivité, une fin de partie qui traîne parfois en longueur, ou encore la salade de points servie lors du décompte final.
Je recommande effectivement, pour faciliter le calcul des scores, l’utilisation de cette application web gratuite qui se charge de la tâche à votre place.

Pour le reste, il est vrai qu’Imperium requiert un investissement initial pour être apprécié à sa juste valeur. Il est d’ailleurs préférable, sans obligation aucune, de commencer par Imperium Antique et ses civilisations plus simples à jouer que celles de Imperium Légendes. Quoi qu’il en soit, et malgré ses imperfections, Imperium reste un jeu innovant, ambitieux et une valeur sûre proposée à un tarif défiant toute concurrence.



Max

Passionné par l’univers des wargames et jeux de stratégie, j'étais initialement un joueur sur PC mais j'apprécie de plus en plus l’élégance et le côté tactile du jeu sur table, qui occupe désormais la majorité de mon temps de jeu.

Jeu PC favori : Combat Mission

Jeu de société favori : Spirit Island