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Le guide du jeu en solitaire #2 : Cascadia

Sommaire

Le jeu en solitaire #2 : Cascadia


Ah le Nord-Ouest Pacifique… Cette région à la végétation luxuriante et aux panoramas de carte postale, formés de volcans et montagnes surplombant lacs, forêts et belles plages est un vrai paradis sur terre pour les amoureux de nature. Appelée par la population locale Cascadia en raison du grand nombre de chutes d’eau sur ce secteur, c’est sur ces terres sauvages à la faune abondante que nous allons crapahuter pour le reste de l’article, mais avec la sécurité et le confort de notre domicile en sortant le jeu homonyme et lui rendant hommage. En effet, bien que jouable jusqu’à 4 joueurs, il est doté d’un mode solitaire identique à un détail près au jeu à plusieurs, particulièrement réussi et qui le propulse dans le top 50 des jeux de société du célèbre site anglophone Boardgamegeek.

Si la véritable région et sa faune me fascinent, il m’aura fallu du temps pour tenter l’aventure Cascadia. Outre son esthétique minimaliste c’est avant tout un thème qui me laisse indifférent pour notre loisir favori, préférant les conflits historiques, le développement de civilisations ou encore la science-fiction. Mais les avis positifs foisonnant sur la toile, mentionnant ses qualités, sa rejouabilité et son excellent mode solo ont fini par me convaincre et bien m’en a pris car ce titre est à la hauteur de sa réputation.

cascadia matériel de jeu


Un jeu familial, léger mais accrocheur

A travers des actions de draft (sélection) puis de pose de tuiles (habitat) et jetons (faune), le joueur doit en 20 tours construire l’écosystème le plus harmonieux afin d’obtenir le score le plus élevé possible, tout en respectant les conditions établies en début de partie.

Ces conditions sont divisées en 2 catégories :

-          Sur le plan environnemental le but est toujours le même, il faut étendre au maximum chacun des 5 types de terrain (montagne, marais, prairie, forêt et rivière) et former ainsi un ensemble cohérent plutôt qu’un amas de zones sans queue ni tête. De forme hexagonale, les tuiles peuvent être composées d’un environnement unique ou, plus souvent, de deux types d’habitats. Plus il y a de tuiles adjacentes d’un même type, plus le joueur augmentera son score.

-          Pour les animaux les objectifs sont variables, avec en début de partie un tirage de cartes pour chacune des 5 espèces, instaurant les défis et combinaisons à réaliser. Regroupements d’ours, lignes de wapitis ou encore bancs de saumon, la difficulté réside ici dans l’optimisation de ses placements et la cohabitation de chaque espèce, sachant que chaque tuile ne peut contenir que les animaux indiqués sur sa face.

-          Les joueurs chevronnés avides de casse-têtes ajouteront une troisième condition, des défis optionnels et à la difficulté croissante rendant l’expérience plus sévère mais aussi plus variée.

cartes faune Cascadia exemple

Exemples de cartes faune, avec la ou les formations à réaliser et les points qu’elles rapportent.

Qualité et complexité d’un jeu ne sont pas corrélées et nous en avons ici un bel exemple. Cascadia est d’une simplicité enfantine, tant dans l’apprentissage des règles et mécaniques, qui seront apprises en moins de 5 minutes, que dans le déroulé du jeu ou le calcul des scores.

-          Le joueur choisit dans un premier temps 1 paire tuile (habitat) + jeton (faune), indissociables, parmi le lot de 4 proposé aléatoirement devant lui.

-          Il doit ensuite poser, dans l’ordre souhaité, la tuile pour agrandir son espace de jeu et le jeton sur une tuile qui n’en possède pas. Tout jeton non posé lors de cette étape est perdu.

-          Le joueur défausse ensuite –en solo uniquement- la paire tuile + jeton située le plus à droite parmi les 3 restantes, puis en ajoute 2 autres, aléatoires elles aussi, à gauche de celles déjà présentes.

-          20 tours plus tard c’est la fin de la partie. Vous savez maintenant jouer à Cascadia !

mise en place cascadia

Mise en place du jeu, avec en haut les 5 cartes défis et en dessous les 4 premiers ensembles tuile et jeton.

Je marquerai dans cette partie des points pour :

-          Chaque paire d’animaux adjacente à chaque renard (jusqu’à 3 paires par renard)

-          Chaque buse isolée qui en voit une autre (les arêtes des tuiles doivent être face à face, les pointes ne comptent pas)

-          La longueur de mes bancs de saumon (sans autre saumon adjacent)

-          La taille de chaque groupe d’ours, peu importe leur forme (3 ours maximum, avec un bonus de points si j’ai des groupes de 1, 2 et 3 ours)

-          Le nombre de wapitis positionnés en cercle

-          Non visible sur cette photo, j’ai comme défi additionnel d’atteindre un score de 85 points et d’avoir 3 renards avec chacun 3 paires différentes adjacentes.

Malgré mon attrait pour des titres plus complexes, Cascadia demeure très plaisant. Suffisamment simple pour être relaxant, mais suffisamment cérébral pour stimuler notre esprit et procurer ce sentiment de satisfaction à la fin de la partie. Avec seulement 20 tours, chaque pioche représente un compromis, chaque pose se calcule en amont et les contraintes augmentent à mesure que la partie progresse. La douce tension qui se dégage de cette recherche d’optimisation est tout simplement addictive. Cascadia nous absorbe avec facilité et légèreté dans son univers. Sans être un expert animalier, les objectifs inhérents à chaque espèce sont quant à eux cohérents et donnent au puzzle une crédibilité au-delà du simple exercice mental.

Finalement, la direction artistique qui ne m’attirait guère s’avère lisible et fonctionnelle. Elle contribue également, grâce à ses jetons en bois épais et colorés, au caractère relaxant et chaleureux du titre.

cascadia défi des renards en milieu de partie

Milieu de partie. Le défi des renards perturbe ma réflexion.

Variabilité et points de règles


Avec un système aussi simple à appréhender, le plaisir sur la durée est étroitement lié au degré de variabilité proposé. Avec 5 tuiles de départ, 85 tuiles habitat (43 seulement sont utilisées en solo, tirées aléatoirement) et 4 cartes défi par espèce, chaque partie est différente. Malgré certaines redondances il est ainsi possible de jouer des centaines de configurations, que les joueurs agrémenteront s’ils le souhaitent de défis supplémentaires (une vingtaine, cumulables) et de scénarios présents dans le livret de règles, renouvelant de facto l’intérêt de chaque nouvelle session. Il est bon de préciser que tout cet aléa n’apparait pourtant pas ingrat, et ce grâce à deux points de règles venant équilibrer l’ensemble.

Lorsque le joueur pioche des tuiles et des jetons du sac pour reformer la sélection de 4 paires, s’il se retrouve avec 3 jetons identiques il peut, s’il le souhaite, les remplacer jusqu’à tirer au maximum 2 animaux similaires. Si les 4 jetons sont les mêmes c’est en revanche une action obligatoire, afin de rééquilibrer la sélection à venir et donc le reste de la partie (tout jeton défaussé devient indisponible).

cascadia wapitis

Avec 3 wapitis proposés, j’ai la possibilité de tirer 3 nouveaux jetons pour équilibrer la sélection si elle ne m’arrange pas.

J’ai aussi mentionné précédemment que chaque tuile ne pouvait contenir que le jeton d’un animal indiqué sur sa face. Certaines de ces tuiles n’acceptent qu’une seule espèce et si le joueur y pose le jeton valable il gagne un joker, représenté par une pomme de pin, lui permettra ultérieurement de remplacer les 4 jetons de la sélection ou mieux, de choisir une tuile et un jeton de deux ensembles différents. Non utilisés ces jokers rapportent en fin de partie des points de victoire, mais il est en général plus judicieux de les consommer.

cascadia ours

Poser le jeton ours sur cette tuile montagne m’octroie un joker que je pourrai utiliser le moment opportun.

Malgré sa simplicité apparente, Cascadia sait se transformer en véritable remue-méninges et offrir une épreuve relevée. Limites de jetons par espèces, interdiction pour d’autres d’être posées sur certains types de terrain ou d’être adjacentes à un autre type d’animal… la modularité mise en œuvre à travers la campagne et les succès permet de pousser progressivement et relativement loin le curseur de difficulté.

Sur la partie en photo, un scénario considéré comme relativement facile, le défi d’obtenir trois scores max pour trois renards (soit trois paires d’animaux adjacentes pour chacun) représente une réelle contrainte. Le renard étant selon moi un animal bouche-trou de par son caractère isolé, devoir le privilégier modifie la façon d’aborder le jeu et nous fait partiellement délaisser les autres objectifs. Inversement, des variantes existent pour les enfants, leur permettant de profiter du jeu à travers des défis simplifiés.

cascadia defaite

La partie a mal commencé et se terminera en défaite. Le score était correct mais il me manque 1 ours en bas à gauche pour valider le défi des trois renards. Si je n’ai pas eu de chance à la pioche sur les derniers tours, j’ai aussi défaussé plusieurs jetons ours tout le long de la partie.

Un aparté sur le mode multi-joueurs, qui fonctionne sur le même principe à une différence près. Chaque joueur construit un territoire isolé, indépendamment des autres, mais avec une sélection commune d’ensembles tuile + jeton. A la place de la défausse du mode solo, une nouvelle paire est tirée après chaque pioche pour que le joueur suivant ait 4 choix. Si l’on passe un bon moment, l’interaction reste limitée et se cantonne à piocher occasionnellement la tuile ou le jeton désiré par un autre joueur. Anecdotique à 2, cette forme d’interaction se développe un peu plus avec 3 ou 4 personnes autour de la table. Le sac contenant seulement 25 jetons par animal, le risque de pénurie augmente proportionnellement avec le nombre de joueurs et un semblant de stratégie se met en place.

Pour conclure, Cascadia représente pour moi l’exemple parfait du jeu au thème qui ne nous attire pas mais qui réussit malgré tout à nous séduire. Loin d’être le seul concerné, de nombreux joueurs initiés, experts et même fanatiques de wargames ont malgré eux succombé aux charmes du Nord-Ouest Pacifique. Bien entendu il faut le prendre pour ce qu’il est et ne pas attendre de lui une expérience complexe ou profonde, ce n’est pas dans son cahier des charges et vous risqueriez de trouver le résultat fade. Avec des parties de 30 minutes environ, il se glisse facilement dans un créneau serré mais propice à un moment ludique. Personnellement, c’est un des titres que je pose sur ma table les soirs où l’envie de jouer me prend mais que la fatigue se met en travers de mon chemin, près de l’étagère où sommeillent mes boîtes favorites, plus énergivores et longues à installer.

Fort de son succès, une extension est attendue pour le mois de novembre, étoffant le titre de nouveaux composants, défis et rajoutant une nouvelle mécanique d’ajout de paysages. Mais si vous vous apprêtez à enfiler vos chaussures de marche n’ayez crainte, la boîte de base saura vous occuper un long moment.

cascadia scenario

Je ne m’avoue pas vaincu et ma deuxième tentative sera un succès ! (au point près)

cascadia autre scénario

Le scénario suivant requiert de poser 4 jetons par animal et de faire au mieux. Si aucun jeton ne doit être gâché le défi me sied davantage et j’explose le score.

Fiche technique Cascadia


Auteur : Randy Flynn
Éditeur : Lucky Duck Games pour la VF.
Pour 1 à 4 joueurs de 10 ans et plus
Durée approximative d'une partie : de 30 à 45 minutes
Cascadia a remporté le prestigieux Spiel des Jahres 2022.
Max

Passionné par l’univers des wargames et jeux de stratégie, j'étais initialement un joueur sur PC mais j'apprécie de plus en plus l’élégance et le côté tactile du jeu sur table, qui occupe désormais la majorité de mon temps de jeu.

Jeu PC favori : Combat Mission

Jeu de société favori : Spirit Island