Le guide du jeu en solitaire #1 : Maquis

Nomades, jeunes parents ou tout simplement joueurs au quotidien chargé, Maquis pense à vous. Avec sa mise en place rapide, moins de 2 minutes, les dimensions de son espace de jeu tenant sur la tablette d’un avion et la durée des parties avoisinant les 20 à 30 minutes, c’est un candidat de choix pour combler un court mais ô parfois rêvé créneau ludique. Mais attention, si Maquis est excellent, c’est que malgré ce format express il offre une ambiance et un défi cognitif réussis, soutenus par une rejouabilité appréciable liée aux différentes missions contenues dans la boîte, son extension ou encore conçues par la communauté.

On appréciera en outre la qualité de ses composants, à la fois sur le plan matériel avec un épais plateau monté pliable, des pièces en bois et des cartes robustes, comme artistique avec ces belles illustrations au style rétro et le thématique code couleur bleu blanc ou rouge qui habille les marqueurs ainsi que les pions.

Déroulement d'une partie : 15 jours pour faire ses preuves !

Lors de la mise en place, le joueur choisit 2 cartes missions à connecter au plateau de jeu et qu’il faudra réussir en 15 tours maximum, représentant chacun 1 journée. Du simple graffiti à l’assassinat de toute la milice du village en passant par l’empoisonnement des bergers allemands ou la destruction des chemins de fer, la to do list du parfait maquisard est disponible. Hiérarchisée ici en 3 niveaux de difficulté, elle tourne essentiellement autour de la visite de lieux et la collecte de ressources nécessaires à la complétion des missions.

2 des 14 cartes missions incluses dans le jeu de base, avec dans le petit cadre les ressources requises et en dessous de l’image un briefing suivi de conditions particulières.

Passage chez le médecin pour obtenir des médicaments, chez le receleur pour acheter une arme, à l’épicerie pour récupérer des vivres, sont présents dans le village 16 lieux d’intérêts servi un but précis, dont 3 aménageables selon vos envies. Ainsi, après avoir récolté suffisamment d’argent vous pourrez, si le besoin se fait sentir, construire un laboratoire de confection d’explosifs, un bureau de propagande, un bureau de faussaire, une seconde planque...

Autre exemple de missions. La destruction du train requiert la construction d’un laboratoire, nécessaire à l’obtention des bombes.

Une fois la partie lancée, le déroulé est simple : à tour de rôle, le joueur et le système de jeu placeront chacun un pion dans l’une des différentes zones du village. Placement issu de la réflexion pour les résistants, il se fera à partir d’un tirage de carte pour les patrouilles de la milice et de l’armée Allemande. Si le joueur est limité à son faible groupe d’unités, en moyenne 3 maquisards, le nombre d’ennemis dépendra d’une jauge de moral tout en ne descendant jamais en dessous du nombre d’unités placées par le joueur.

Rien de bien révolutionnaire ici, à une règle près. En effet, vos maquisards sont précieux et il faudra veiller à ce qu’ils puissent rentrer à la planque après une journée de dur labeur. Pour ce faire, il sera nécessaire d’éviter de se trouver nez à nez avec une patrouille et, plus difficile, ne pas avoir d’ennemi sur le chemin du retour sous peine de subir une arrestation et perdre le pion pour le restant de la partie.

Clap de fin pour le résistant sur le site Radio B, qui ne pourra pas retourner à la planque.

Cette mécanique en apparence ingrate est compensée par un petit deck de patrouille : 10 cartes composées chacune de 3 destinations, avec un ennemi qui ira là où ne se trouve aucun résistant sauf si les 3 lieux sont peuplés. Avec l’aide de sa mémoire ou d’un pense-bête, il sera donc judicieux, et dans les hautes difficultés, primordial, de planifier ses déplacements par rapport à ceux visités par l’ennemi les précédents jours.

Si le placement d’ouvriers est la mécanique principale de Maquis, la gestion du risque se place non loin derrière. Bien sûr il existe des solutions de secours, comme équiper coûteusement ses résistants d’armes à feu, mais le sauvetage d’une unité par le meurtre d’un milicien remplacera pour les tours suivants ce dernier par un soldat, plus dangereux, et vous fera perdre une précieuse ressource, votre arme à usage unique ainsi qu’un point de moral.

Mon laboratoire installé, je peux maintenant me pencher sur la confection de bombes. La mission d’élimination de la milice progresse bien elle aussi mais l’ennemi augmente progressivement sa présence dans le village et remplace la milice en bleu par l’armée en rouge.

Mais alors que les jours progressent, le moral s’effrite et élève le risque de voir le nombre de miliciens augmenter. Pire, s’il s’effondre la partie se termine immédiatement par un échec. Le résistant devra donc jongler entre ses objectifs, l’évitement des patrouilles mais aussi le maintien d’un moral au beau fixe en répartissant tant bien que mal ses maigres forces et jouant l’équilibriste entre vitesse et appât du gain. Simple à apprendre et facile sur des missions de premier niveau, Maquis devient un véritable bourreau de méninges pour qui augmentera la difficulté, sans toutefois fatiguer comme peut le faire un titre complexe et lourd en calculs.

Maquisard dans l’âme

Esthétique, rapide à jouer et non dénué de profondeur, Maquis fait bon usage de sa taille de guêpe pour s’infiltrer dans nos ludothèques et prendre la place du petit jeu agréable à sortir occasionnellement ou à emmener avec soi. Il ne fera certes pas de l’ombre aux grands titres mais restera au contraire fidèle à sa thématique, discret et efficace. Un très bon jeu solo.